Aujourd’hui est un grand jour pour L’Ambassade Records avec la sortie – confinée – du troisième volume de la compilation “L’Ambassade l’aime pop” qui regroupe “une galaxie de popeux sudistes en période de calfeutrement créatif”. Entretien avec L’Ambassade.
La compilation est sortie, ça y’est !
Oui, sortie, aujourd’hui, mardi 21 avril, avec une exclu sur Campus FM qui diffuse la compilation dans son entièreté, on est tout en joie !
Le confinement, en terme de création, ça modifie les choses pour les artistes de L’Ambassade ou – au contraire – c’est un excellent prétexte pour s’isoler ?
L’isolement n’est jamais une bonne chose, surtout pour un collectif comme le nôtre qui fonctionne grâce à la collaboration, l’entraide et l’échange, ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on recherche. Heureusement, aujourd’hui, on peut travailler à distance, et nous avons également fait la démarche d’investir et de créer notre propre studio d’enregistrement il y a quelques années, donc de ce côté-là, on est plutôt autonomes, mais on est certainement pas isolés.
“Pendant que le loup n’y est pas”, “J’me sens tout bubblegum” – des titres en lien avec la situation surréaliste que vous vivons aujourd’hui ?
Ah, ah, oui, c’est vrai vu sous cet angle. On ne peut pas répondre à la place de tous les artistes qui ont choisi ces titres, mais on voit ça comme une forme d’auto-dérision, une légèreté dont on a plus que besoin durant cette période de trouble.
Et le confinement, en terme d’organisation ?
Ça nous oblige à nous réorganiser, à travailler à distance, à inventer de nouvelles façon de collaborer. Mais ce qui est génial aujourd’hui, c’est qu’avec les outils qu’on a à notre disposition, c’est tout à fait possible pour la plupart d’entre nous. Par exemple, on organise ce qu’on appelle des “ping-pong”, c’est à dire un échange d’une production en cours entre deux artistes, qui chacun leur tour y ajoute un élément, un peu à la manière d’un cadavre exquis. Pour la direction esthétique de notre compilation, on a la chance d’avoir Nicole Fauster, confinée chez nous, qui a travaillé sur des illustrations et les a déclinées sous la forme d’animations pour les réseaux, elle est très talentueuse !
Le confinement, c’est donc l’occasion d’enregistrer plein de nouveautés, d’être créatifs et de s’organiser pour la suite… On est plutôt privilégiés à vrai dire et on est bien conscients que c’est une situation extrêmement compliquée à vivre pour beaucoup de gens. L’impact négatif pour nous, c’est qu’on a dû annuler plusieurs dates et les concerts risquent de ne pas de reprendre de sitôt. Alors, avec L’Ambassade, on a pour projet de monter des concerts chez des particuliers à partir de cet été si la situation s’améliore, ça serait une manière de soutenir les jeunes groupes locaux à se produire et de trouver des solutions pour les intermittents qui vont avoir des difficultés à maintenir leur statut. Il va falloir inventer des solutions alternatives pour survivre.
En tout cas, ce temps de “pause” si on peut l’appeler comme ça nous permet d’être inventif, de penser nos futurs projets, et aussi de faire le point sur la direction de notre association musicale.
Dans ce volume 3, il y a des nouveaux artistes, d’autres ne sont plus là, comment s’est fait ce choix ?
On a demandé à plusieurs artistes que l’on connaissait de participer, certains avec qui nous avions déjà travaillé ou qui étaient déjà présents sur les dernières compilations (Maxwell Farrington, François Club, Astrobal), d’autres que l’on vient de découvrir comme (Edgar Mauer, Prattseul, Alba…), d’autres encore qui sont très talentueux et que l’on avait jamais eu la chance de compiler (François Remigi, le Super Homard). On n’a bien évidemment pas pu regrouper tout le monde, mais on a fait de notre mieux pour que, musicalement, ça reste cohérent.
Cette compilation est un peu plus ouverte et éclectique que les autres avec des artistes comme Alba ou Poisson d’Eau Douce qui se rapprochent plus de l’univers r’n’b ou des productions hip hop. Il y a aussi un titre halluciné très Madchester 80 d’Astrobal qui renvoie à l’univers du sampling ou la pop de chambre du poète beat Kevin Colin qui nous touche beaucoup…
C’est aussi lié à ce qu’on écoute, on se sent moins cloisonné qu’avant – sans mauvais jeu de mot – nos goûts évoluent et on pense que c’est très important de rester ouvert et de toujours renouveler notre capital musical. Il faut rester curieux. Notre sélection s’est donc faite plutôt naturellement en fonction de nos découvertes et de nos envies, des personnes avec qui nous avions déjà collaboré, mais aussi et surtout des nouvelles personnes avec qui nous avons envie de créer des liens.
Un seul morceau par artiste ou par groupe, comment créer une certaine unité, ou pas d’ailleurs, pour ces 18 titres ?
Il y a aussi des artistes mystères sous pseudonymes, on ne vous dira pas qui c’est, mais si vous tendez bien l’oreille, vous pourriez les démasquer… Il y a tellement de bouts de morceaux inachevés dans notre studio que c’était l’occasion de les terminer de leur trouver une petite place quelque part.
Donc, pour être tout à fait exact, il y a quelques exceptions mineures à la règle d’un morceau par artiste. L’unité, la cohérence elle s’est faite par notre sélection, et l’ordre d’agencement des morceaux que nous avons réfléchi dans ce but précis. Mais l’objectif n’était pas de rassembler uniquement des titres d’un même genre musical, mais plutôt de créer un horizon de notre scène pop.
Toujours aussi pop et poétique ce volume 3 ou une tonalité différente ?
“Hip pop” et variations atmosphériques. Pop, c’est notre mantra, oui, mais c’est un mot qui peut prendre beaucoup de significations, et tant mieux !
Quand nous pourrons aller faire la fête dehors, un jour, une realase party est prévue ?
Bien évidemment ! Allez, on crache le morceau, disons pour la fête de la musique le 21 juin au QG de L’Ambassade, si tout va bien !
La compilation de L’Ambassade, toujours 100 % toulousaine ?
Oui, tous les artistes présents dans cette compilation ont un rapport, de près ou de loin avec la ville rose. Comme François Club qui a gagné la capitale depuis, mais qui, dans son cœur, reste un enfant gascon ou bien le crooner Maxwell Farrington qui a vécu par ici mais qui déteste le soleil (alors qu’il est australien !) et s’est expatrié dans le nord, il revient parfois hanter les karaokés de la ville. Astrobal a aussi débuté à Toulouse en collaborant avec toute cette scène de Julien Gasc, Barbagallot, Aquaserge…
L’Ambassade, un mot d’amour pour conclure ?
J’me sens tout bubblegum.
Retrouvez la compilation en écoute sur Bandcamp en cliquant ici.
Pour en savoir plus sur le collectif L’Ambassade et les fondements de ses “bons héritiers du modernisme”, rendez-vous sur le site de Gonzai.