Plus connu pour leur collaboration aux côtés de chanteurs et toasters de renoms que pour les albums édités en leur nom propre, les Soul Syndicate représentent la formation instrumentale typique de la période dite du « roots rock reggae« , au même titre que les Revolutionaries et autres backing band qui accompagnent la plupart des artistes jamaïcains. Ils réalisent des sessions studios pour le compte des producteurs Winston ‘Niney’ Holness, Keith Hudson et Bunny Lee, ce dernier leur préférant le nom d’Aggrovators. En 1972 ils entament leur 1ère tournée en Jamaïque et en 1974 une tournée aux USA avec Big Youth et Donovan Carless. Aussi c’est l’incontournable guitariste Earl Chinna Smith qui est à l’origine avec son frère Warren de cette première production studio indépendante du groupe élaborée en 1977, au moment où l’essor du mouvement religieux rastafari dans les ghettos de Kingstown se conjugue avec l’invention du reggae moderne. Leur efficacité dans la construction de ce style musical unique est un savant dosage entre les musiques rythm & blues, reggae et traditionnel africain.
A l’écoute de cet album, 2 titres attirent particulièrement notre attention. « Fade Away » standard soul de facture exceptionnelle où sur une lourde basse jouée par George ‘Fully’ Fullwood se pose agréablement la voix de Donovan Carless, chanteur attitré du groupe. Le deuxième, « Red, Gold and Green« , développe le thème du nationalisme pan-africain en plein essor dans les années 70 et révèle une texture sonore peu présente sur le marché des productions commerciales à destination du grand public. Notons que certains titres frôlent des arrangements funky/reggae hybrides comme « Mariwana » qui vise le jeune public de la classe moyenne nord américaine.
Jean Bernard Bassach, novembre 2004.