Campus FM Chronique : Liturgy / The Ark Work, Trill Jockey Records,2015

liturgyAprès un pseudo hiatus des familles il semblerait que ce joyeux drille de Hunter Hunt-Hendrix reprenne du service pour le plus grand malheur des ses détracteurs. Navigant toujours à contre courant et jetant par-dessus bord toutes les idées reçues du métal noir, le new yorkais brouille les pistes et continue ses expérimentations en eaux troubles.

Véritable tournant ce troisième opus n’à plus grand-chose à voir avec le reste de la discographie. En effet la rupture est ici abrupte et sans concession si bien que la formation nous accueille en fanfare toutes trompettes et cuivres dehors. Une mélodie martiale plus loin, le disque étonne et surprend par le fourmillement d’extravagances à la minute. Tant sur le plan des arrangements que mélodique ce Ark Work va loin, très loin, trop loin selon certains mais se hisse avant tout comme un énorme édifice élitiste et noirâtre. L’œuvre a en effet plus des allures de monument gigantesque tant par son exigence que par la multitude d’influences extrêmes réunis ici par la bande de Hunter. Exit les cris torturés et autres martèlements de double incessants et bonjour glockenspiel et autres carillons post moyenâgeux. Les guitares elles aussi ont subi un ravalement de façade et sont reléguées au second plan tel un énième blasphème à l’église nordique. Fort heureusement quelques écoutes attentives plus loin le paysage se dessine enfin et l’on entrevoit l’inventivité derrière l’épais magma sonore. Passé l’incompréhension l’on est alors parfaitement frais et dispo à contempler le paisible chaos qui s’offre à nous…

Au final bien plus proche d’un Swans que d’un Mayhem le disque reste un tour de force audacieux délaissant ici plus ou moins les ambiances norvégiennes et ne conservant que quelques aspects de la recette originale. The Ark Work ne fera certainement pas l’unanimité et ne remportera pas non plus tous les suffrages mais il n’en reste pas moins bien plus intéressant et fouillé que la plupart des sorties d’un genre gangrené et nombriliste. A bon entendeur…

Joël Roblochon***

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