Après un premier Ep sorti chez Mexican Summer passé il faut le dire complètement inaperçu, Vietcong revient en version longue et ce n’est pas pour nous déplaire. Ce premier effort a le mérite de surprendre et bluffe par son urgence et ses prises de risques. Œuvre protéiforme et inspirée, on flaire assez vite que nos natifs d’Alberta n’en sont pas à leur coup d’essai. En effet la paire morose Matt Flegel, Scott Munro étaient tout deux dans une précédente formation sobrement intitulée « Women ». Pas grand-chose à voir avec Viet Cong, si ce n’est une fougue quelque peu incontrôlable… Si bien qu’une empoignade puérile fraternelle digne d’un certain Anton N, eu raison du groupe un mauvais soir de l’année 2010. Alors même si urgence il y a, les routes et chemins empruntés ici sont plus obliques qu’autres choses. Post punk déstructuré, la machine infernale progresse dans un déluge d’inventivité. Le titre « March of Progress » est assez révélateur de cette bouillante mixture. Introduit par un long tunnel bruitiste où s’entrechoquent claviers et batterie la piste bascule brutalement dans une lumière mélodique toujours plus addictive. Du grand art. Au final nos lurons canadiens signent ici un album surprenant dans tous les sens que peut compter le terme. Ce premier opus éponyme virevolte pour ne jamais retomber. Habile du début à la fin tout en restant bougrement cohérent, ces 36 minutes de noirceurs ont vraiment du bon.
Joël Roblochon*** pour entrée, plat, dessert.
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