De notre envoyé spécial à New York. Si il y a bien un artiste moderne qui symbolise le mieux l’esprit musical qui anime cette chronique mensuelle dédiée aux auditeurs de Radio Campus Toulouse, c’est bien le chanteur sierra léonais Janka Nabay. Non content de s’être extirpé in extremis du Sierra Leone (Salone pour les autochtones) lors de l’atroce guerre civile (1991/2002) qui fit rage pour le contrôle des zones diamantifères, il s’exile à New York en emportant dans ses bagages rien de moins qu’un nouveau style afro-moderniste élaboré par ses soins. Janka Nabay est maître dans l’art de pratiquer la musique traditionnelle ‘’bubu’’ jouée dans les fêtes musulmanes Timini. En pleine guerre urbaine, il enregistre au Forensic Studio de Freetown un nouveau style populaire de ‘’bubu music’’ (très écoutée par les rebelles). Arrivé à NY, il forme – à l’été 2010 ! – le 1er groupe de musique bubu d’Amérique avec divers musiciens de Skeletons, Gang Gang Dance / Highlife, Zs et Saadi. Deux mois plus tard, il enchaîne les dates. Déboule sur le net avec le clip de son titre phare ‘’He Congo’’. Avec une certaine ironie, cette diatribe contre les programmes d’aides humanitaires et l’envoi par les USA (sous JFK) de vêtements de seconde main au Sierra Leone tombe à point nommé. Savant dosage entre beat electro dansant et mélodie de musique sacrée de l’ouest africain. Seul 4 titres sont disponibles chez True Panther Sounds. Espérons que cet ovni de l’Atlantique Noire gardera son style décontracté, ses textes qui visent justes et un son digne de ce que le roi du bubu viens de nous offrir…!
Jean Bernard Bassach, décembre 2010.