Avec Saul Pandelakis

Depuis quelques jours, le ciel de décembre est éloquemment bleu et je n’atterris plus. En effet, après plusieurs semaines à bord d’un vaisseau spatial en mission de terraformation avec un équipage réduit, sans oublier quelques allers-retours sur Terre, oui, mais dans le turfu, avec une robot badass comme référente terrienne, j’ai également fait des trips à la journée dans des wagons à thèmes qui parfois entrent en collision, s’incorporent, se déjettent : rencontre des fluides corporelle avec la plomberie domestique, des larmes avec le genre, des menstruations avec le numérique, du cinéma avec les objets et j’en passe. Non, je ne déraille pas et quand bien même, je valide l’allégorie si elle invite à sortir des rails car quoi de plus amusants que de croiser, doubler, multiplier les perspectives plutôt que de filer droit dans une discipline qui finira, s’appauvrissant, par ressembler à une peau de chagrin. Alors que m’est-il arrivée me demanderez-vous ? Rien moins qu’une rencontre, plus virtuelle que réelle, mais croyez-moi, la différence est plus ténue que l’on ne voudrait le croire ! D’ailleurs, aucune dichotomie ne lui résiste, oui, je parle bien de mon invité du jour, j’ai nommé le passionnant et passionné Saul Pandelakis. Il est enseignant, chercheur auteur – de textes et de dessin. Ces champs d’études recoupent le design, le cinéma et les théories queer. Contrairement aux montagnes, chez lui, tout se rencontre. Tant de pistes à aborder, de trains à prendre et si peu de temps ensemble ce midi, n’en perdons pas plus.


Construire cette émission, effectuer ces recherches, je tenais à vous le dire, a été une de mes meilleures investigations, la plus jouissive – me balader dans vos intermédialités fut vecteur de sensations fortes. Lors de votre intervention dans le colloque CinéDesign de 2018, vous parlez de l’hypnotique attrait de ces chaînes youtube où l’on regarde des personnes déballer des objets – la matière, la gestuelle, le rituel, le son du papier pour peu que ce soit du kraft ou du crépon. C’est exactement ce que j’ai ressenti ces derniers jours – une suspension, une excitation, un émerveillement. Peut-être de ceux de l’enfance, quand la découverte était encore journalière. Merci pour vos travaux, vos recherches, vos savoirs situés, votre oblique dans le champ universitaire. Pour vous suivre, un site internet et une page instagram, il suffit de taper Saul Pandelakis.


– Alice Baylac
dans La Midinale, saison 2021-2022.