En observant les rapports entre la population et les forces de l’ordre, la Ligue des droits de l’Homme est un des acteurs majeurs de la lutte contre les violences policières en France. Ses membres appels à rétablir la confiance envers la police, dans un contexte de forte mobilisation sociale.
La Ligue des droits de l’Homme mobilisée contre la loi Sécurité globale
C’est la réforme qui fait polémique en ce moment : la proposition de loi « relative à la sécurité globale », qui porte sur les outils de surveillance à disposition des forces de l’ordre et de sécurité, ainsi que sur la protection de celles-ci. L’opposition associative, militante et populaire à ce projet de loi réunit chaque semaine depuis fin octobre plusieurs dixaines de milliers de manifestants en France. Toulouse n’y fait pas exception.
A l’occasion de la journée pour la solidarité et contre la précarité, le 5 décembre dernier, la Ligue des droits de l’Homme a organisé une manifestation pacifique (et autorisée) dans les rues de la ville rose pour dénoncer les dérives autoritaires liées à cette proposition de loi. C’est notamment l’article 24 de la loi, qui vise à protéger les forces de l’ordre de diffusion d’image et de messages pouvant leur porter atteinte, qui inquiète les membres de la Ligue des droits de l’Homme.
« Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un agent de la police nationale ou de la gendarmerie nationale autre que son numéro d’identification individuel lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »
La loi sur la liberté de la presse « ne fait pas obstacle à la communication aux autorités administratives et judiciaires compétentes, dans le cadre des procédures qu’elles diligentent, d’images et éléments d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale».
Voici ce que l’article en question indique. Il est laissé à l’interprétation des forces de l’ordre et de la justice de considérer que l’image ou le message en question porte atteinte à l’agent. Le second paragraphe laisse la possibilité aux autorités d’accéder aux contenus des reporters et journalistes.
Pour un des membres de la Ligue des droits de l’Homme rencontré ce samedi à Toulouse, « ce sont des lois liberticides qui passent les unes après les autres, et la Ligue des droits de l’Homme, qui défend les droits des citoyens et des personnes doit être en première ligne ».
Observer les pratiques policières : mission de la LDH
La Convention européenne des droits de l’Homme stipule que « lors d’une manifestation, les autorités ont l’obligation de fournir une protection suffisante en vue de prévenir les violences éventuelles et d’assurer un déroulement pacifique ».
Pour informer et observer objectivement les pratiques policières, la Ligue des droits de l’Homme organise lors des manifestations des groupes d’ « observateurs des violences policières », composés de militants mais aussi d’avocats (avec le syndicat des avocats de France).
« La brutalité policière et les violences ne cessent d’augmenter », assure un membre de la LDH. « C’est vrai que les observateurs des pratiques policières sont particulièrement visés, comme les street medics ou encore les médias. Il faudrait retrouver une légitimité entre la police et la population. Il y a une fracture importante ».
– un reportage de Simon Guérin-Besnier pour Campus FM